EXPLORER LE CANADA EN OUTLANDER
La chasse aux aurores boréales
On dit que seulement 9 % de la population mondiale aurait déjà été témoin de ce spectacle incroyable. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il figure sur la liste d’expériences à vivre d’autant de gens. Y compris nous!
Évidemment, on peut prendre l’avion, le train, ou même faire une croisière, afin d’aller voir les aurores boréales, mais pour vivre l’expérience du Nord pleinement, il faut voyager en auto. Ici, au Canada, la porte d’entrée du Nord est l’emblématique route de l’Alaska, une route que nous allions apprendre à bien connaître lors de la prochaine semaine, avant la fin de la saison des aurores boréales.
Nous avons commencé notre voyage en prenant l’avion pour Grande Prairie, en Alberta. Nous y avons récupéré notre Mitsubishi Outlander avant de prendre la route vers le nord, en direction du Yukon. Nous avons entré Whitehorse comme destination dans le système Apple Carplay de la voiture, qui nous a révélé la distance à parcourir : 1 531 km. Pratique! Sachant que nous n’avions pas de temps à perdre, nous avons pris la route sans attendre.
Jour 1 : De Grande Prairie jusqu’à Muncho Lake – 832 km
La route de l’Alaska est l’une des routes emblématiques du monde, un véritable tour de force pour dompter ce territoire reculé. Elle a été construite en 1942 pour permettre l’acheminement de matériel militaire jusqu’en Alaska, un territoire qui, jusqu’alors, n’était pas accessible par voie routière. Plus de 10 000 personnes ont participé à la construction de cette longue route, qui n’était à l’époque qu’une piste accidentée à une seule voie, sujette à des inondations et à des catastrophes naturelles. Le projet a été achevé en entier en moins de neuf mois!
La route reliait initialement Dawson Creek, en Colombie-Britannique, à Delta Junction, en Alaska. S’étendant sur plus de 2 700 km (une distance comparable à celle entre Ottawa et Miami), elle traversait un terrain difficile et était exposée à des conditions changeantes d’une saison à l’autre. Elle avait la réputation d’être extrêmement exigeante pour la conduite, et il a fallu attendre presque jusqu’à la fin du siècle pour qu’elle soit entièrement asphaltée. Aujourd’hui encore, il ne faut pas prendre cette route à la légère. Surtout en hiver. Il y a de très longs tronçons sans service cellulaire, sans stations-service et sans villes, et après une grosse tempête de neige, il peut falloir un certain temps pour que le chasse-neige dégage la chaussée. En plus d’être exposée au climat nordique, la route traverse un territoire où la faune est abondante; il faut donc y être attentif en tout temps.
Notre Outlander a parcouru les routes du Nord avec une facilité remarquable. Nous avons remarqué à maintes reprises à quel point le véhicule semblait stable et sécuritaire malgré les conditions changeantes. Neige fraîche, plaques de glace... Rien n’est à l’épreuve du système S-AWC, qui a facilité énormément notre périple.
Ayant beaucoup de route à faire (plus de 1 500 km!), nous avons apprécié les caractéristiques de confort de la voiture, comme le volant chauffant, qui nous a réchauffé les mains après nos sorties à l’extérieur, ou le système audio Bose, qui nous a permis de profiter au maximum des listes de lecture que nous avions préparées pour l’occasion. (Nous avons probablement parcouru toute la discographie de Colter Wall, et sa musique n’a jamais aussi bien sonné.)
Nous étions en route depuis seulement quelques heures, approchant de Fort Nelson, lorsque nous avons été témoins d’une scène incroyable : une dispute territoriale (selon notre hypothèse) entre deux lynx du Canada en bordure de la route. Nous nous sommes arrêtés avec prudence sur l’accotement pour les observer et les photographier d’une bonne distance. C’était l’une des scènes de nature les plus uniques que nous ayons jamais vues! Cette rencontre nous a permis de prendre des photos extraordinaires et nous a remplis d’enthousiasme à l’égard du reste du voyage.
La route traverse ensuite la pointe nord des Rocheuses, une chaîne de montagnes qui s’étend sur presque toute l’Amérique du Nord. Il s’agit d’un endroit sauvage et inspirant. Rien à voir avec Banff ou avec les Rocheuses qu’on connaît plus au sud. On a plutôt affaire à un lieu éloigné et isolé.
Le soleil a commencé à se coucher tandis qu’il nous restait environ une heure de route à faire dans ces paysages sauvages pour arriver à l’emblématique Northern Rockies Lodge, situé sur les berges du lac Muncho. Au terme d’une longue journée de route, nous avions envie d’un repas chaud et d’une bonne nuit de sommeil. Nous nous sommes donc installés dans ce magnifique chalet rustique pour la nuit et nous avons préparé le reste du voyage. Bien sûr, nous avons vérifié sur les prévisions relatives aux aurores boréales. Après tout, nous avions déjà atteint le territoire propice à ce phénomène, mais malheureusement, les données semblaient peu encourageantes, et nous nous sommes butés à une couverture nuageuse complète pendant toute la nuit.
Jour 2 : De Muncho Lake jusqu’à Whitehorse – 702 km
Détendus et revigorés, nous sommes remontés à bord de l’Outlander et nous avons aperçu à nouveau des bisons des bois en chemin, avant de nous arrêter pour dîner au petit restaurant The Nugget, à Watson Lake. (Nous n’avions pas beaucoup d’attentes, car il s’agit d’une petite communauté nordique, mais nous avons eu droit à un excellent repas.)
À Watson Lake, on trouve la célèbre Sign Post Forest. Cette attraction remonte à 1942, lorsque, ayant le mal du pays, un soldat qui travaillait à l’aménagement de la route de l’Alaska a décidé d’accrocher un panneau de sa ville natale. Un engouement s’est créé petit à petit, et les touristes laissent désormais à cet endroit des panneaux (notamment de signalisation) ainsi que des plaques d’immatriculation provenant de leur ville ou de leur pays d’origine. On y aperçoit des souvenirs laissés par des voyageurs du monde entier, et bon nombre de visiteurs continuent d’arrêter dans ce lieu pour y laisser une trace de leur voyage. Il s’agit d’une étape assez originale et unique, un endroit où l’on se sent comme chez soi.
Nous sommes arrivés à destination à la noirceur, mais nos hôtes nous ont réservé un accueil ensoleillé. Il était tard, alors nous nous sommes concentrés sur la sauvegarde de nos cartes mémoire et la recharge de notre matériel, tout en nous croisant les doigts pour que les conditions météorologiques et prévisions relatives aux aurores soient favorables. Les choses n’étaient pas prometteuses, et nous nous apprêtions à nous étendre pour la nuit. Mais la chasse aux aurores est remplie de surprises! À minuit et demi, alors que nous étions sur le point de nous coucher, nous avons vérifié le ciel à nouveau, et nous y avons remarqué une faible lueur verte.
Nous avons rapidement rassemblé notre matériel et nos vêtements d’extérieur, puis nous avons sauté dans l’Outlander afin de trouver un bon endroit pour observer les aurores. Dès que nous avons pris la route, nous avons vu le ciel s’animer et se mettre à danser à travers le toit panoramique de l’Outlander. Nous n’arrivions pas à en croire nos yeux! Nous avons trouvé un lac gelé, nous y avons stationné le véhicule, puis nous sommes sortis en courant avec nos appareils photo. Des nuances de vert illuminaient le ciel. Nous avons pris de nombreux clichés, puis nous nous sommes rappelé qu’il fallait aussi prendre le temps de savourer l’expérience. Le spectacle n’a pas duré bien longtemps, mais nous ne l’oublierons jamais. C’était époustouflant!
Jour 3 : Du Boréale Ranch jusqu’au Mount Logan Ecolodge
Officiellement arrivés au Yukon, nous avons roulé lentement vers l’ouest, jusqu’à Haines Junction et au Mount Logan Ecolodge, faisant halte à Whitehorse, la capitale du Yukon, pour dîner et acheter des provisions. Voici un fait amusant : Le Yukon compte deux fois plus d’orignaux que d’habitants. C’est un territoire sauvage.
Le Mount Logan Ecolodge est un magnifique petit hôtel adjacent au parc national Kluane, qui renferme les plus hauts sommets du Canada. Après avoir admiré les paysages et déballé notre matériel, nous sommes montés à bord de l’Outlander pour une promenade au coucher du soleil dans les environs de Destruction Bay, espérant trouver un endroit où prendre d’autres photos d’aurores boréales. Dans ce secteur, les paysages de carte postale semblent s’étirer à l’infini, et nous étions les seuls à les contempler.
À mesure que la journée avançait, nous avons surveillé les prévisions, et tout indiquait que nous aurions droit à des aurores remarquables. Les données semblaient extrêmement prometteuses, et nous nous attendions à un spectacle qui surpasserait de loin celui de la veille.
Nos espoirs ont malheureusement été anéantis par une grosse tempête de neige qui s’est abattue sur la région. En consultant les prévisions météorologiques, notamment en ce qui a trait à la couverture nuageuse, nous avons constaté que l’endroit le plus proche où le ciel était clair se trouvait à plus de sept heures de route. Après réflexion, nous avons finalement accepté la défaite, et nous avons profité de notre chalet douillet pour rattraper notre manque de sommeil. Peut-être serions-nous plus chanceux le lendemain.
Jour 4
Comme nous n’avions pas vraiment de destination pour la journée, nous avons décidé de nous diriger vers le sud sur la Haines Highway, en direction de la frontière de l’Alaska. Nous avons senti que le dicton « l’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage » prenait tout son sens. Ce fut le cas tout au long de notre périple dans le Nord, mais c’est ici que nous l’avons senti tout particulièrement.
Nous étions seuls, mais entourés de montagnes pittoresques. Il n’y avait pas de service cellulaire, pas de villes, pas de gens, pas de distractions... Juste de beaux points de vue à apprécier en bonne compagnie. Nous avons aperçu des orignaux et un renard, ainsi qu’un magnifique lagopède des saules. Nous avons pris des photos, profité de la journée et écouté de la bonne musique. Nous sommes ensuite retournés lentement au gîte pour le souper, et nous nous sommes préparés pour une autre nuit de chasse aux aurores.