À la poursuite des géants : une escapade routière dans le couloir d’icebergs de Terre-Neuve

Par : Kendra Slagter

Tout a commencé par une matinée banale à la maison : assise devant l’ordinateur dans mon bureau à domicile, je lisais mes courriels et planifiais la semaine à venir. En tant que réalisatrice de films d’aventures en plein air, je passe beaucoup de temps à rêver à mon prochain voyage, en quête d’histoires qui éveillent la curiosité et amènent les gens dans des lieux magnifiques et lointains à travers l’objectif de ma caméra.

Au fil des ans, ces récits m’ont amenée à parcourir le monde, à filmer dans des villages montagnards isolés et à découvrir des cultures différentes de celles que j’avais connues en grandissant au Canada. Toutefois, à la recherche de ce qui me semblait nouveau et lointain, j’avais négligé la possibilité d’explorer mon propre pays en cours de route.

Ce matin-là, je me suis retrouvée attirée par la côte est du Canada. Contrairement à l’Ouest, reconnu pour ses montagnes et ses lacs alpins, l’Est me semblait plus doux, plus calme et, d’une certaine façon, plus mystérieux. J’ai ouvert un nouvel onglet pour commencer à fureter : quelle province? Quels types d’aventures pourrions-nous trouver? Quelles histoires étaient susceptibles de nous surprendre?

Et puis, tout à coup, j’ai eu un déclic.

L’image d’un énorme iceberg dérivant devant un groupe de maisons aux couleurs vives dans ce qui semble être un petit village de pêcheurs. De la glace ancestrale, bleuie par le soleil, flottant dans la ville comme si elle y appartenait.

Et voilà comment j’ai su que c’était là que nous devions aller.

Une fois que l’idée a fait son chemin, il n’a pas fallu longtemps pour transformer ce rêve éveillé en projet. Nous avons chargé notre Mitsubishi Outlander avec du matériel photo, de l’équipement de randonnée et plus de vêtements chauds que nous ne pensions en avoir besoin. Ensuite, nous avons quitté Hamilton, en Ontario, pour la côte est.

Après plusieurs jours de route, nous avons atteint North Sydney, en Nouvelle-Écosse, où nous avons embarqué sur le traversier de nuit pour un voyage de sept heures en pleine mer qui nous a donné l’impression d’entrer dans un autre monde. À l’aube, nous avons débarqué sur les rivages rocheux de Terre-Neuve, prêts à voir ce qui nous attendait.

Terre-Neuve-et-Labrador

Terre-Neuve est tel un avant-poste aux sols accidentés à l’extrême est du Canada, là où le continent s’effondre dans les eaux sauvages de l’Atlantique Nord. On a l’impression d’être dans un monde à part façonné par les embruns salés, le brouillard épais et le vent qui fait plier les arbres sous sa volonté.

Environ un demi-million de personnes vivent sur cette île, dispersées dans des villages de pêcheurs nichés entre les landes moussues et les forêts d’épinettes noires. Les maisons peintes en vifs tons de rouge, de jaune et de bleu se dressent fermement sous le ciel gris comme pour défier sa monotonie.

Le paysage est brut, mais profondément humain. Il met en valeur des quais usés par les intempéries où s’empilent les cages à homards, des routes étroites qui serpentent le long des maisons de style boîte à sel et des rochers polis par des glaciers disparus depuis longtemps. L’air porte la vive odeur des algues et, d’on ne sait où, le léger parfum musqué de la fumée de bois.

Néanmoins, la particularité de Terre-Neuve provient non seulement des terres, mais aussi de ses habitants. Il n’était pas rare d’être invités à prendre un repas ou une tasse de thé chaud, alors que les souvenirs d’enfance des Téneliens circulaient aussi librement que les conversations. Leur chaleur et leur ouverture nous ont donné un sentiment de communauté insulaire tissé par leur histoire collective et l’eau salée.

Et puis, il y a les icebergs : des morceaux de glace ancienne, vieux de 10 000 ans, qui se détachent des glaciers du Groenland et mettent jusqu’à deux ans pour dériver vers le sud, portés par le courant froid du Labrador. Bien qu’on sache qu’ils apparaissent au large de Terre-Neuve chaque printemps, leur arrivée n’est jamais une certitude; la chance d’en voir diminue au fil des ans à cause du réchauffement planétaire.

Le voyage

Avant même d’apercevoir un iceberg, la route en soi fait partie de l’aventure. Lorsque la chaussée a cédé la place à des routes de gravier menant à des départs de sentiers, notre Mitsubishi Outlander s’est fait le champion du changement de terrain. Nous avons souvent basculé en mode Gravier, utilisant le super contrôle intégral pour grimper des pistes en pente et traverser des étendues rocailleuses, atteignant ainsi des endroits qui semblaient sauvages et inaltérés.

Nous baissions les vitres pour laisser entrer l’air salin, tout en faisant défiler nos listes de lecture et balados préférés sur l’histoire et le folklore de Terre-Neuve diffusés par la nouvelle chaîne audio Dynamic Sound Yamaha de l’Outlander.

En chemin, nous avons parcouru des sentiers forestiers brumeux, encore glissants après la pluie du matin, observé les oiseaux de mer faire la roue et plonger depuis les falaises voisines, et nous sommes arrêtés dans de petites villes où un arôme de pain frais ou de morue frite s’échappait des fenêtres des cuisines. C’était le genre de voyage où le trajet est aussi mémorable que la destination.

La capitale mondiale des icebergs

Après des jours de route et d’exploration, nous avons finalement atteint Twillingate, T.-N.-L., la capitale mondiale des icebergs. Nous avons séjourné dans un endroit qui semblait ne pouvoir exister qu’ici : une scierie et un magasin général rénovés datant de 1915, dont les poutres et les planchers étaient usés par les générations qui nous ont précédés. Là dehors, l’eau lèche tranquillement le rivage.

Nous nous sommes réveillés tôt, la brume marine s’accrochant encore à la fenêtre. L’espoir et l’effet grisant associé au fait de voir des icebergs dériver le long de cette partie de la côte de Terre-Neuve, surnommée le « couloir d’icebergs », nous ont fait sortir du lit et monter sur le pont en vue de contempler l’horizon.

Toutefois, nous ne nous en remettions pas qu’au hasard. Comme tous ceux qui sont à la poursuite de ces géants flottants, nous nous sommes tournés vers IcebergFinder.com, un site Web typiquement terre-neuvien qui suit la dérive des glaces en temps réel. Ce matin-là, la carte indiquait que des icebergs étaient proches, presque pour nous taquiner.

Nous sommes remontés dans l’Outlander et avons pris la route. À chaque virage, nous scrutions l’eau à demi-souffle, dans l’attente d’entrevoir un iceberg effectuant son lent et silencieux voyage au-delà du bord de l’île.

Le moment d’une vie

Nous avons conduit notre Mitsubishi Outlander sur une piste escarpée, boueuse et rendue glissante à cause de la pluie, en avançant prudemment jusqu’à ce que la terre se dérobe sous nos pieds et que nous apercevions la mer. Et voili voilou : un iceberg si massif qu’il semblait défier l’entendement, flottant sans bruit juste au large.

Nous sommes restés au bord de la mer, pris entre le vent salé et l’admiration muette. D’autres icebergs ont également dérivé à proximité. Certains étaient lisses et sculptés par les vagues, d’autres étaient déchiquetés et fracturés, leurs profondes crevasses captant chaque éclat de lumière. Des pêcheurs se déplaçaient à bord de petites embarcations et posaient leurs cages à homards comme s’il s’agissait d’un matin comme les autres.

Mais pour nous, c’était tout sauf ordinaire. Après avoir passé des jours à courir après la chance de voir ces anciens géants, nous y étions enfin parvenus.

Se tenir devant ces immenses blocs de glace aussi anciens qu’éphémères, aussi majestueux que paisibles, était une leçon d’humilité inouïe. Ce fut un moment à la fois fugace et intemporel que nous garderons en mémoire longtemps après la fonte des glaces.

Nous sommes partis sans aucune certitude. Juste trois amis, un chien et notre Mitsubishi Outlander. Ce qui n’était au départ qu’un simple fantasme est devenu un voyage dont nous nous souviendrons à jamais.

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